Modèles économiques
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Modèle économique libéral


0) Introduction

C'est en écoutant le débat d'économistes (Gaël Giraud, Raphaël Rossello & Gilles Raveaud) et la phrase de Gaël Giraud, directeur de recherche au CNRS : « Macron est sous la coupe de Rothschild pour un projet eschatologique » mise en avant dans l'article du Media en 4-4-2 que m'est apparut l'utilité de remettre à jour mes travaux pédagogiques sur l'économie libérale. Ce débat m'inspire le commentaire suivant :

L'immortalité de l'entité capitaliste n'est qu'une matérialisation dans la psychologie humaine de l'attrait du pouvoir pour le pouvoir, souvent considéré en théologie issue de la Grèce antique comme la source du mal, l'hybris, la démesure.
"L'homme est au service de l'économie qui est exclusivement au service de la finance" (Raphaël Rossello). "Le défi de ce qui vient, doit être toujours mis sous l'angle de l'humain qui est devenu, et j'en suis le témoin depuis 40 ans, la variable d'ajustement du système" (Raphaël Rossello). Difficile de développer un raisonnement à partir de ce constat (qui heureusement est contestable, mais hélas est aussi un futur dystopique possible). Pour ouvrir le débat sur l'évolution économique, il faut revenir au sens premier de l'Économie qui s'apparente dans son sens profond à l'Ecologie (comme le décrit Frédéric Farah dans son livre).
Je propose une description du modèle le plus simple d'économie libéral, sans banque, qui a l'avantage de remettre en exergue le concept de "Chambre de compensation monétaire internationale" de Keynes, une approche qui permet aux néophytes de prendre conscience d'un certain nombre de concepts monétaires et économiques, voir http://kronopaf.toile-libre.org - http://vulgate.toile-libre.org - http://monnaies.toile-libre.org. Car nulle évolution profitable au plus grand nombre ne peut se faire sans prise de conscience du plus grand nombre.

Dernière version du programme : mod-economie-liberale.html

I) Analyse

1) Modèle

Un modèle se résume souvent par un système d'équations différentielles, et il peut être résolu de façon approchée avec une précision arbitrairement grande par un calcul itératif selon la méthode d'Euler.

Dans le modèle, on définit deux types de données que sont les conditions initiales et les paramètres. Les conditions initiales regroupent l'ensemble des données caractérisant l'état initial du modèle, tandis que les paramètres sont des données invariantes durant toute la simulation et qui caractérisent le type de modèle. Ainsi n'y a-t-il pas vraiment de différence entre paramètres et données initiales, les paramètres étant des données initiales invariantes.

2) Modèle sociologique

Nous dirons que le modèle est sociologique, au sens large, c'est à dire une sociologie appliquée à une entité autre que l'homme, lorsqu'il est composé d'entités autonomes interagissantes entre-elles et obéissant à différentes logiques. Le modèle peut s'éloigner des réalités pour aller vers des récréations mathématiques, et étudier le devenir de sociétés imaginaires composées d'une multitudes d'entités autonomes interagissantes entre-elles et obéissant à différentes logiques.

Notez que les modèles simulant des phénomènes physiques, basés sur un maillage de l'espace, ne sont pas des modèles sociologiques car une maille n'a pas d'autonomie.

On appellera expérimentation exacte, le calcul du modèle par l'ordinateur, essayant un certain nombre de conditions initiales et de paramètres. Tandis qu'on appellera expérimentation réel, la comparaison du modèle avec la réalité.

Par la seul expérimentation exacte, on peut tirer un certain nombre d'enseignements. Et cette science basée sur l'expérimentation du calcul de modèle a l'avantage d'être abordable par tous, et transmissible par simple copie, celle d'un programme informatique et d'une théorie. Elle peut donc constituer à elle seule un véhicule pour transmettre un argumentaire, autrement dit, un vecteur pour la propagande.

3) Modèle économique

Nous dirons que le modèle est économique, lorsqu'il introduit une gestion de ressources disponibles pour des entités autonomes.

Les modèles simulant des phénomènes physiques et appliquant les lois physiques de conservation de quantités de matières, de masse, d'énergie... qui peuvent être considérés comme autant de ressources, ne sont pas des modèles économiques car ces ressources ne sont pas mise à disposition d'entités autonomes. Un modèle économique est d'abord un modèle sociologique.

4) Modèle économique libérale et capitaliste

Au XXième siècle apparaît une tentative de justifier le libéralisme-économique scientifiquement par l'expérimentation de modèles, selon une méthodologie comparable à celle présente ici, et qui produit le néolibéralisme, une forme encore plus redoutable du libéralisme qui se base sur la concurrence libre et non faussée partout. Imaginez les dégâts qu'un tel concept a pu causer sur l'ensemble de la société et qui persiste jusqu'à nos jours dans ses méfaits. Alors si nous empruntons cette même voie, gardons-nous de produire de tel désastre.

D'un point de vue philosophique, nous pensons que la science n'est ni bonne ni mauvaise, que c'est son usage qui est souvent mal intentionné, sert des intérêts particuliers au détriment de l'intérêt général, est aveugle des nécessités aussi bien matériels qu'éthiques, que le pouvoir dogmatique qu'elle peut procurer en certaine circonstance est toujours une usurpation, et que le pouvoir technologique qu'elle engendre constitue, comme tout pouvoir, un élément corrupteur majeur. Aussi faisons nous nôtre, cette maxime de F. Rabelais : "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme".

La sommes des intérêts particuliers produit quoi ?. C'est à cette question que s'attachent les travaux des économistes libéraux contemporains, plus enclin à défendre l'existant qu'à proposer des alternatives.

Nous allons dans un premier temps explorer ce point de vue libéral et capitaliste pour mieux en comprendre les rouages, sans s'intéresser à la question du travail ni à celle de l'écologie.

La question du travail est pourtant la question politique centrale, l'enjeu majeur, concernant chacun d'entre nous, alors que les acteurs du monde des affaires représentent une infime minorité. Et la question écologique place l'homme dans des harmonies profondes qui lient son destin au monde. Passer à coter de ces deux clefs va nous faire quitter les enjeux du monde réel pour aller vers celui du jeu.

Et c'est justement un jeu, X2 "The Threat" réalisé en 2003 par la société Egosoft, qui vient illustrer remarquablement ce propos, et qui constitue un ingénieux vecteur de l'idéologie libérale et capitaliste. Ce jeu, à la fois de commerce, de voyage, de production, de guerre, constitue une forme idéalisée de modèle libéral et capitaliste. C'est un jeu de rôle, on y joue un personnage, à la fois mercenaire, négociant, producteur. Les usines sont des stations spatiales automatisées, il n'y a donc pas de travailleur ni de problème lié au travail. Et, trouvaille du jeux, la Terre a disparue, ce qui supprime, de faite, une grande partie de la problématique écologique, enfin... d'une manière symbolique. C'est vrai, pourquoi s'emmerder avec toutes ces questions de protection de la nature, de pollution..., fallait y penser, supprimer la Terre. De plus, comme le moteur du jeu qu'est l'intérêt privé peine à donner un sens valable au jeu, car pour cela il faut plonger dans des causes plus corsées, des nourritures plus épaisses, plus imagées, qui font intervenir d'autres pans de l'irrationnel, la recherche de la Terre disparue devient cette cause, cette quête du Saint Graal, et donne au jeu une portée symbolique capable de réconcilier le joueur avec l'esprit mercantile du jeu.

Le modèle économique, est dit "libéral" lorsque les entités qui la composent possèdent la liberté de créer des usines et d'échanger des usines et des biens en fixant librement le prix à travers un marché ouvert, sans qu'il n'y ait de contrainte imposé par l'intérêt générale et que ce dernier peut-être restreint au minimum. Les entités représentent l'intérêt privée, et l'Etat représente l'intérêt générale qui est alors restreint à un cadre normatif minimaliste comprenant les 4 fonctions régaliennes traditionnelles : police, justice, armée et monnaies.

Et le modèle économique est dit "capitaliste" lorsque les entités peuvent accumuler du capital de façon illimitée par la création et l'appropriation d'usines et leur exploitation pour le profit.

Extrait de l'ouvrage "Le nouvel Esprit du Capitalisme" de Luc Boltanski et Eve Chiapello :

Le capitalisme en sa définition minimale est une exigence d'accumulation illimité du capital par des moyens formellement pacifiques. C'est la remise en jeu perpétuelle du capital dans le circuit économique dans le but d'en tiret un profit, c'est-à-dire d'accroître le capital qui sera à son tour réinvesti, qui est la marque première du capitalisme et qui lui confère cette dynamique et cette force de transformation qui ont fasciné ses observateurs, même les plus hostiles.

L'accumulation du capital ne consiste pas en un amoncellement de richesses - c'est à dire d'objets désirés pour leur valeur d'usage, leur fonction ostentatoire ou comme signes de pouvoir. Les formes concrètes de la richesse (immobilier, biens d'équipement, marchandises, monnaie, etc.) n'ont pas d'intérêt en soi et peuvent même constituer, du fait de leur manque de liquidité, un obstacle par rapport au seul objectif qui importe vraiment : la transformation permanente du capital, de biens d'équipements et d'achats divers (matières premières, composants, services...) en production, de production en monnaie et de monnaie en nouveaux investissements (Heilbroner, 1986).

Ce détachement du capital par rapport aux formes matérielles de la richesse lui confère un caractère réellement abstrait qui va contribuer à rendre perpétuelle l'accumulation. Dans la mesure où l'enrichissement est évalué en termes comptables, le profit accumulé sur une période étant calculé comme la différence entre deux bilans de deux époques différentes, il n'existe aucune limite, aucune satiété possible comme c'est au contraire le cas lorsque la richesse est orientée vers des besoins de consommation y compris de luxe.

Il est sans doute une autre raison expliquant le caractère insatiable du processus capitaliste, qui est souligné par Heilbroner (1986, p.47 s.). Parce que le capital est constamment réinvesti et ne peut s'accroître qu'en circulant, la capacité pour le capitaliste de récupérer sa mise augmentée d'un profit est perpétuellement menacée, notamment par les actions des autres capitalistes avec lesquels il se dispute le pouvoir d'achat des consommateurs. Cette dynamique crée une inquiétude permanente et offre au capitaliste un motif d'autopréservation très puissant pour continuer sans fin le processus d'accumulation.

Ce faisant, il n'est donc pas absolument nécessaire de poser le principe de recherche d'accumulation illimitée du capital, comme un axiome définissant la logique de chaque entité capitaliste, puisque que cela découle en partie d'autres raisons, d'un mécanisme de préservation, de mise en concurrence..., que le système impose et dans lequel se trouve plongé l'entité.

Ces modèles sont donc composés d'entités capitalistes qui malgrès leur hétérogénéité ontologique s'aligneront sur une logique d'accumulation du capital, et ceci à toutes les échelles car la concurrence existe à toutes les échelles. Et donc ils s'aligneront sur une logique d'accumulation illimité du capital. Les entités peuvent agire librement selon leurs intérêts qui se ramènera, de par la mise en place d'un système concurrentiel omniprésent, dans le seul but d'accumuler du capital.

On serait tenté d'ajouter d'autres buts, des buts hédonistes, créateurs, idéologiques, irrationnels..., ce qui correspond plus à la réalité quand on joue petit. Mais lorsque on joue gros, les faits nous montrent le contraire. La logique du capital s'impose sur celle plus propre à l'homme, faisant que plus rien n'est laissé au hasard ni à l'inspiration, et que le but d'accumulation du capital devient bel et bien le seul et unique but. La cause n'en est même pas redevable au détenteur du capital. Tout est délégué, sous-traité, contrôlé selon la logique du système dans le but de renforcer le pouvoir du capital et non de le contenir ou de le contrôler ou de le contre-balancer, et la logique du système capitaliste s'impose alors.

Le modèle pour être pertinent et simuler des mondes économiques davantage révélateur des facettes de la réalité, devrait ajouter d'autres logiques, d'autres idéologies, et reconsidérer la problématique des échanges, intégrant des barrières naturelles ou réglementaires, des mécanismes de régulations, différents moeurs et coutumes, ainsi que des logiques de groupes, des stratégies collectives de fidélités, de solidarités ou de conformismes, et devrait intégrer des schémas de circulation de l'information-désinformation à travers différents cercles, différents réseaux de relations, propres aux sociétés humaines. Il serait intéressant de modéliser les mécanismes de prise de décisions d'un groupe, de modéliser l'élaboration de stratégies collectives à différents niveaux d'échelle en défrichant une partie non encore explorée de la théorie des jeux à grand nombre de joueurs....

5) Les différentes sphères de pouvoir

On peut se demander s'il n'y a pas quelque chose de pathologique dans cette recherche d'accumulation illimité du capital. Une sorte de folie des grandeurs pour devenir le maître du monde. Le capital est dématérialisé, il comprend de la monnaies, des titres qui correspondent à des droits de tirage, d'autres titres qui correspondent à la propriété d'usine, de banque, et il comprend des titres qui correspondent, à des locations, à des prêts, à des contrats, à des droits coercitifs sur des tiers portant sur le futur, à des propriétés sur des éléments préexistants, etc... En cela, le capital représente un pouvoir qui ne se limite pas à la sphère économique tel que naïvement on peut la concevoir, ou plus exactement que la sphère économique a tendance à s'agrandire en absorbant en partie les autres sphères.

Le capital est donc un pouvoir économique au contour flou qui a tendance, une tendance commune à tous les pouvoirs s'il n'est pas contrôlé et contenu, à absorber par influence et corruption tout ce qui l'entoure pour se renforcer, tel un trou noir. Alors si nous pouvions sommer ces pouvoirs économiques en une valeur, en un nombre, cette propriété d'absorption pourrait être caractérisée par une constante universelle qui caractériserait ainsi le pouvoir d'influence et de corruption du pouvoir, et pourrait permettre de définir un loyer du capital, un loyer certes maléfique mais naturel en quelque sorte. Et si nous supposions de façon surréaliste que dans notre univers ce pouvoir est limité par une borne indépassable, nous pourrions alors par intégration définir un étalon de ce pouvoir qui pourrait donc servir d'étalon du capital.

Dans cette simplification grossière qui consiste à considérer que tous les pouvoirs économiques sont, non seulement comparable, mais sommables en une valeur numérique, la création de richesse reste quand-même toujours située dans les processus de transformation réel, les processus de consommation-production, localisés dans les outils de production (usines, manufactures, artisanats, exploitations de ressources naturelles....). Elle s'évalue en ajoutant la valeur de ce qui a été produit et en soustrayant la valeur de ce qui à été consommé. Mais cela ne permet toujours pas de l'évaluer objectivement, car la valeur dont il est question ici découle toujours de la somme des subjectivités individuelles pondérées par leur pouvoir d'achat. On met simplement l'accent sur la transformation physique, sur la création de biens physiques qui constituent à leur tour des outils de production. Il n'y a pas d'autre source de richesse au sein de la sphère économique, mais il existe des transferts de pouvoir sortant ou entrant dans la sphère économique :

Par exemple, l'utilisation de ressources naturelles traduit un transfert de pouvoir de la sphère des ressources naturelles vers celle de l'économie, et l'inventeur qui découvre le procédé d'utilisation de cette ressource traduit un transfert de pouvoir de la sphère des sciences vers la sphère économique.

Autre exemple, un changement régressif du statut des salariés va brutalement augmenter le pouvoir de la production ce qui se traduira par une augmentation du pouvoir économique, une augmentation du capital (la valeur de la propriété des outils de production) sans qu'il n'y ait de baisse de richesse ailleurs. Tout se produit comme si de la richesse avait été créée. En fait cette richesse provient d'un transfert de pouvoir de la sphère non économique, du droit des personnes, vers la sphère économique. Réciproquement la réduction des heures de travail pour le même salaire va diminuer le pouvoir de la production ce qui se traduira par une diminution du pouvoir économique, du capital. Tout se passe comme si de la richesse avait été détruite dans la sphère économique. En fait cette richesse a quittée la sphère économique, pour aller dans la sphère du droit des personnes, augmentant ainsi un autre pouvoir, le pouvoir des personnes, un pouvoir qui ne se monnaye pas.

Autre exemple, la réunion de deux pouvoirs économiques donnera un pouvoir plus important que la somme des deux. Car l'union va accroître des pouvoirs d'influences et de corruption qui empietrons davantage encore sur les autres pouvoirs issus aussi bien de la sphère économique que des autres sphères. Cela se traduit donc aussi par un transfert de pouvoir des sphères non économiques vers la sphère économique. Réciproquement la séparation des pouvoirs économiques, imposées par des règles, va réduire les influences et les corruptions, et redonner l'autonomie aux autres pouvoirs ce qui se traduira par un transfert de pouvoir de la sphère économique vers les sphères non économiques.

Il va s'en dire que si nous laissions la sphère économique absorber les autres sphères, elle deviendrait une sphères totalitaire qui n'aurait d'économique que son nom.

6) La sommabilité des pouvoirs économiques

Mais rien ne nous permet de sommer ces différents pouvoirs économiques en une valeur, en un nombre sur une échelle ordonnée. C'est là précisément qu'interviennent nos prédécesseurs néolibéraux avec leur tentative de fonder scientifiquement le libéralisme, leur travaux de modélisation pour définir cette valeur, une valeur marchande, fondée sur la notion subjective d'utilité. Et c'est la concurrence libre et non faussée (libre signifiant ici qu'elle est libre de se manifeste partout ou plutôt qu'elle est imposé partout. Non-faussé signifiant ici que l'Etat n'intervient pas et laisse le loup manger les brebis, ou plus exactement qu'il intervient pour que l'on ne puisse pas changer cet état de fait) qui unifie cette valeur marchande. La valeur devient ainsi l'indicateur maître de cette logique néolibérale, qui permet de comparer, de jauger, et avec laquelle chaque entité va pouvoir choisir parmi toutes les actions qui lui sont possibles celle qui produira la plus grande valeur pour elle et selon elle si celle-ci est en quête de capital. Il s'agit là d'une réduction totalitaire qui consiste à supposer que tout est comparable et de valeurs sommables sur une échelle ordonnée, et finalement à ramener tout à une seule valeur, à un seul indicateur numérique. Il s'en suit que cet indicateur représente une notion quasi-mystique, qu'il est plus juste d'appeler Pouvoir économique que Valeur, et que cela constitue même un non-sens moral, car le pouvoir sur le plan moral n'a pas de valeur, c'est même une anti-valeur.

Si nous concédions que tout est comparable et de valeur sommable numériquement sur une échelle ordonnée, tout pourrait alors être évalué en une valeur, reste que nous n'avons pas définie d'unité, pas d'étalon, et que toute définition objective semble impossible.

Il y a un élément irrationnel incontournable dans la notion de valeur, que ce soit l'aspect subjectif de la notion d'utilité invoquée par les néolibéraux ou simplement l'aspect indomptable de la raison de vivre. Il y a donc bien quelque chose qui cloche. En fait, des éléments de réponse sont apportés dans les modèles eux-mêmes de nos détracteurs.

La question se reformule ainsi : Comment définir la richesse, la puissance économique, ou le pouvoir économique, de façon quantitative et objective, afin de pouvoir comparer la richesse de sociétés différentes à différentes époques. Cela n'est tout simplement pas possible car les cultures, les lois et ce à quoi on accorde de la valeur, diffèrent d'une société à l'autre et d'une époque à l'autre, d'un système de pensée à l'autre, rendant impossible la comparaison quantitative ni même qualitative.

Mais d'un point de vue purement libérale et capitaliste, et pour des sociétés soumises à cette logique, cela est rendu possible, par le même procédé décrit dans ces modèles, et qui fait que dans une société libérale et capitaliste, l'entité peut tout évaluer selon un unique indicateur subjectif propre à son intérêt particulier, et que le marché basé sur la concurrence libre et non faussée, en donne la résultante. Il est nécessaire pour cela de regrouper les deux sociétés que l'on veut comparer, et d'établirent les liens économiques et d'information d'importance suffisante pour réduire les fluctuations dû au hasard des liens initiaux, sur ce mode d'échange dit néolibéral entre les deux sociétés, et perdurant suffisament longtemps pour pouvoir atteindre un état d'équilibre, en laissant opérer la logique des entités qui s'aligne statistiquement malheureusement pour une recherche de profit maximum. Faut-il encore que les différentes législations s'entendent pour permettre ces échanges nécessaires et que le système économique résultant soit stable.

L'état d'équilibre une fois atteint, on peut alors mesurer la richesse de chaque entité et donc de chaque société définie comme ensemble d'entités, en négligeant les transfères d'entité entre les deux sociétés. On remarquera alors en expérimentant ces modèles que le résultat n'est pas transitif, qu'une société A peut posséder un pouvoir économique plus grand que la société B qui elle même peut posséder un pouvoir économique plus grand que C et qui elle même peut paradoxalement posséder un pouvoir économique plus grand que A. Ce qui ne présage pas du résultat si on compare simultanément les trois sociétés.

Ainsi la comparaison du pouvoir économique entre deux sociétés libérales et capitalistes sera possible, mais pas leur valorisation objective sur une échelle ordonnée. La comparaison équivaut à une guerre économique, et la conclusion de cette guerre est une forme moderne de colonisation qui consiste à détenir les capitaux et donc la plus grande partie du pouvoir. La démonstration comme quoi les pouvoirs économiques ne sont pas sommables en une valeur numérique est faite simplement par le constat de cette non transitivité appelé l'effet pierre-papier-ciseau, un paradoxe qui apparaît obligatoirement lorsque la richesse dans une démeusure qui lui est ontologique s'accaparent les attributs de la puissance.

7) L'entité capitaliste

L'entité est illusoirement purement rationnelle, elle ne conçoit pas sa mort et est donc éternelle. Le but n'est pas d'acquérir une grande quantité de capitaux durant un certain temps, mais d'acquérir une quantité illimité de capitaux, nécessitant de faite, un temps infini, afin d'atteindre un niveau de préservation absolu. Il s'agit d'un but perpétuel. Une recherche de profit maximum et permanent, en un temps indéterminé, conséquence de la mise en place d'un système concurrentiel. Et plus le temps est long et plus les événements sont incertains. Le but n'est pas d'avoir cette valeur à un moment donnée, et durant un certain temps, et de ne plus l'avoir après. Il s'agit d'une quête sans fin vers une valeur infinie....

8) La monnaie et la banque centrale

Il existe une masse monétaire nationale en Francs, et chaque entité en possède une part. L'Etat constitue sa propre banque centrale qui n'a pour unique fonction que de combler les déficites de l'Etat par création monétaire, et de supprimer les bénéfices de l'Etat par destruction monétaire.

Dans le modèle d'éconnomie simplifié, il n'y a pas d'activité banquaire nécessaire autre que celle de création/destruction monnétaire de chaque Etat dans sa propre monnaie.

9) Modélisation de plusieurs pays

Les droits associées à la monnaie nationale sont spécifiques à chaque pays. Comme il y a autant de monnaies que de pays, et que la monnaie suit des circuits nécessairement fermés. On met en oeuvre le concept de Keynes qu'est la chambre de compensation monnétaire internationale.

Dans le modèle d'éconnomie simplifié, il n'y a pas d'activité banquaire autre que celle de création/destruction monnétaire de chaque Etat dans sa propre monnaie. S'il y a plusieurs pays et donc plusieurs monnaies au statut juridique différent. On simplifie le modèle en ne permettant pas aux entités d'accumuler des monnaies d'autres pays.

10) La chambre de compensation monétaire internationale (CCMI)

La chambre de compensation monnétaire internationale (CCMI) constitue la banque d'échange mondial des monnaies. Mais ce n'est pas une banque dans le sens où elle ne crée pas de monnaie, mais c'est plutôt une bourse des monnaies. Elle donne le cours relatifs entre les monnais, et procède aux changes lors des achats sur le marché mondial. Chaque entité paye et est payé avec sa monnaie nationale selon les taux de change, et la CCMI établit le bilan des échanges de monnaies. Le change entre deux monnaies est réévalué en augmentant la valeur des monnaies au bilan négatifs (c'est une monnaie rare pour la CCMI, celle-ci est donc prète à payer plus chère pour l'acquérir), et en diminuant la valeur des monnaies au bilan positif (c'est une monnaie surabondante pour la CCMI, celle-ci est donc prète à baisser les prix pour la vendre).

En surévaluant les monnaies qui lui manque et en dépréciant les monnaies en surabondance, la CCMI va progressivement équilibrer ses échanges. La CCMI va jouer le rôle d'intermédiaire entre les différentes banques centrales nationales, un intermédiaire qui n'a pas le pouvoir politique de création monétaire à l'exception des déficites en certaines monnaies qu'elle s'autorise à condition d'avoir des excèdants dans d'autres monnaies et une perspective d'équilibrer le bilan en modifiant les taux de change des monnaies respectives. C'est cette fonction que Keynes a imaginé dans son concept de chambre de compensation monétaire internationale, et que nous voulons formaliser ici dans un modèle particulièrement simple.

Néanmoins pour qu'une monnaie puisse bénéficier du mécanisme de cette chambre, il faut que la monnaie regroupe un certain nombre de conditions...

La chambre de compensation monétaire internationale engendre une unité monnétaire optimale pour calculer ses taux de change. Cette unité monnétaire correspond à un cockail de monnaies dont la composition est proportionnelle aux flux réels non-reflexif de transaction de valeur absolue de chaque monnaie, moyennés sur l'année précédente.


Dominique Mabboux-Stromberg

 

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